Edito #3 : Journalisme et jeu vidéo, on est au top les mecs !

Je vais aborder un sujet peut-être un peu délicat au risque même de m’en prendre plein la gueule par les fanboys ou au pire de me faire insulter (j’aime ça ouais). Evoquons un peu mes collègues journalistes dans la joie et l’allégresse.

Comprenez déjà que quand je dis « collègues », ce n’est par comparaison carriériste, je n’ai ni le niveau ni la prétention de dire que je suis journaliste, loin de la, parlons plutôt de centre d’intérêt commun si vous le voulez bien.

La sortie de GTA V est un événement sans précédent dans le monde. L’enthousiasme unanime des joueurs et le défétisme habituel des journaux TV/Papiers quant aux sujets qu’ils abordent (comme Catherine) font vraiment de cette sortie un moment exceptionnel, mais revenons un peu sur les faits.

Le jeu vidéo souffre d’une image dégradée, ternie par un ensemble de jeu à succès parfois contestable, les meilleurs exemples étant Call of Duty et GTA. A eux seuls, ils représentent des milliards d’euros de bénéfices. GTA V a rapporté pas moins de 500 millions d’euros et on estime à un milliard la recette de ce nouvel épisode (actuellement à 800 millions de dollars quand j’écris cet article). Un tel mouvement économique excite les médias télévisés qui s’en donnent à coeur joie : « Dans GTA V votre but est de devenir le plus grand gangster de tous les temps, voler, tuer, brûler, casser, tout est permis… un jeu qui prône la violence pour des joueurs mal dans leur peau »…

Les éternelles oeillières de pigistes primaires vieillissants (que l’on appelle journalistes à la TV) se remettent en action, une fois n’est pas coutume. Ces mêmes gens ne parlent pas de l’incroyable sensation de liberté, des prouesses artistiques & technologiques, de la réalisation, de l’écriture, du scénario… bref on retombe dans une analyse de bas étage pitoyable. A la limite, on commence a être habitué, allez-vous me dire ?
En effet, c’est pas faux les Michels…

C’est comme si on déféquait sur une planche à découper.

GTA V est un jeu interdit au moins de 18 ans. Pourquoi vouloir faire l’analogie entre jeunesse et violence du jeu alors ? C’est comme si on comparait les réactions d’un gamin de 6 ans devant un film d’horreur, comme si on donnait un steak haché à un mouton, comme si on déféquait sur une planche à découper, ce n’est pas adapté, ce n’est pas analyser pragmatiquement son sujet !
Je comprends que GTA V, ou certains jeux vidéo au contenu « cru » puissent choquer des individus (trop vulgaire, trop de violence, usage de drogue…) mais ce qui me choque encore plus par contre, c’est que ces mêmes chaînes, quelques jours auparavant, nous montrent des images du « résultat » sur la population locale de l’attaque chimique (supposée pour le moment) de la Syrie. J’entends par la, des hommes défigurés, des femmes brulées, des rues gorgées de coprs inertes, un homme montrant à la caméra son bébé de quelques mois sans vie, recouvert de sang… C’est la réalité ça, c’est pas un film ou un jeu vidéo, là c’est choquant, en tout cas pour moi. Est-ce vraiment nécéssaire de montrer ça à une heure de grande écoute, est-ce vraiment nécéssaire de le montrer tout court ? Personnellement, j’en doute…

Renvoyant l’image d’un journalisme vidéoludique français au rang d’adolescents capricieux comparant la taille de leur sexe…

A deux milles lieux de toutes ces absurdités visuelles se trouvent le Web, un univers pur et peuplés de gens en manque de reconnaissance et éventuellement d’argent. On connaît tous les grands sites de jeux vidéo français et les noms associés à ces entreprises (Jeuxvideo.com, Gamekult.com, Gameblog.com et Paduction.com bien sûr ;)). GTA V est un événement tellement gigantesque, tellement grand, qu’il génére pour les sites qui en parlent mais surtout le site qui va le tester en premier, un pic d’audience phénoménal et en conséquence une hausse économique certaine pour l’heureux gagnant. C’est Gamekult qui a gagné ce petit jeu en achetant le Saint Graal en avance dans un magasin passant outre l’embargo commercial et journalistique. Gameblog ne s’est alors pas fait attendre pour répliquer avec de petites phrases taquines puis un test. Il s’en est suivi, une joute sociale à base de Twitter et autre Facebook entre journalistes de rangs opposés, un désastreux spectable digne d’une court d’école (primaire), renvoyant l’image des journalistes vidéoludiques français au rang d’adolescents capricieux comparant la taille de leur sexe…

J’aime/j’aimais tant Julien Chieze (Gameblog.fr): sa plume, son idéologie, sa vision du journalisme, sa diction (c’est toujours le cas certes ;))… bon nombre de points qui font l’identité d’un journaliste un peu hors norme. Ces derniers temps, son attitude professionnelle, ses dérives publiques (je ne sais pas ce qu’il fait à côté) ternissent une image pourtant bien solide. Je ne prends pas parti pour qui que ce soit et j’en ai même rien à carrer, mais je parle ici d’un personnage que j’aimais profondement pour ses engagements et ses valeurs et qui perd, à mon sens, peu à peu de sa superbe dans un marasme économique… J’espère pour lui que ce n’est qu’une mauvaise passe.

Au final, dans chaque situation possiblement buzzable (pardon pour l’anglicisme), et la sortie de GTA V est en résolument une, les enjeux économiques pour les entreprises Web sont tellement gigantesques et le délai de publication tellement restreint que pas mal en oublieraient peut-être leur métier ou pire, leur passion. Je paraphrase encore, mais pas sur que tout ceci véhicule une bonne image pour le journalisme de jeux vidéo et même, par extension, du jeu vidéo tout court.
Tout ça pour vous dire que je n’ai pas encore pu toucher GTA V mais que le test vidéo arrivera en temps et en heure, no stress (je télécharge les 18 Giga du jeu… sur le PSN). J’ai pas mal de choses sur le feu avec la maison qui pousse (la salle média inside) et le gamin aussi d’ailleurs ;).

3 réflexions sur « Edito #3 : Journalisme et jeu vidéo, on est au top les mecs ! »

  1. corwin

    Je dit bravo mon Pad. Ton article m'interpelle et tombe à pic. J'en est aussi ma claque de tout ce remue ménage…digne d'une court d'école.
    Maintenant gare a toi tu a surement un missile made in Gameblog qui va te tomber dessus. En tous cas j'attend ton test avec impatience ^^V
    Ps: Julien Chieze t'en tiendra pas rigueur :p

  2. nicosan92

    Article ayant un effet un peu moyen dans mon esprit.
    J'espère que ce que je te dirai dans ce commentaire ne te choquera pas. Tu sais que lorsque j'ai quelque chose à écrire, c'est ce que je fais (il me semble que j'avais laissé un pavé sur le test de Halo 4). Bref, ce n'est pas une attaque personnelle.
    Je suis également abasourdi par le bruit que peuvent faire des "éléments de loisir". Il est vrai qu'il y a beaucoup plus souvent de gros buzz autour des jeux vidéos (à moins que je me trompe), mais ce qui me dérange est plus global. Comme tu le dis, les "journalistes" professionnels, ou devrais je plutôt parler de presse ont l'habitude de nous montrer les mêmes choses. Prenons n'importe quel journal écrit ou télévisé, même s'il date de plusieurs années… que contient-il ? Des mauvaises nouvelles, des phrases de politiciens sorties de leurs contextes et la dernière star à la mode qui s'est pris une cuite 2 jours avant. Ces sujets redondants sont ornés d'une image et d'un titre choquant, attirant ou je ne sais quel adjectif qui pourrait être synonyme de "sensationnel". Car le but de la presse n'est plus tellement d'informer, mais de se montrer, de faire sensation.
    On va revenir un peu à nos moutons. Internet est la meilleure plateforme pour faire du buzz, il faut l'avouer. Regardez PSY avec son Gangnam style par exemple. À l'heure où je vous parle, le clip uploadé sur la chaîne officielle est à 1 773 877 009 vues. Bien entendu, c'est un buzz plutôt comique au début et bien chiant au bout d'un mois. Mais il y a bien d'autres choses, moins anodines, qui ont eu le droit à un buzz.
    Là où ça devient bien plus dommage, c'est lorsque le buzz n'est plus fait uniquement par un produit original, mais par tous les sites qui en parlent. Et là, on en revient aux sites de jeux vidéos. Le cas de GTA V est le plus récent et le plus gros (comme ma b***), mais ce n'est bien entendu pas le seul. En effet, il y a eu la course aux tests de la part des plus gros sites de jeux vidéos français, américains, anglais… bref, on comprend bien que ce n'est pas localisé. Une course aux tests qui était appuyée, comme tu l'as bien dit Pad, par une joute puérile et inutile via les réseaux sociaux (principalement Twitter).
    Le Julien Chieze, ce mec imbu de sa personne qui avait de très bonnes qualités de journalistes est maintenant, et depuis déjà un bon bout de temps, devenu comme les autres, a bien évidemment participé à cette joute.
    Comment voulez vous que le jeu vidéo soit vu d'n meilleur ?il ? Même les journalistes travaillant dans ce domaine ternissent l'image de ceux-ci !
    Voilà en quoi je ne suis pas d'accord avec toi mon Pad. Tu montre du doigt ce cinéma de mauvais goût qui s'est déroulé pendant "la semaine GTA V", ainsi que tout le buzz qui a autour. Mais ce que je vois aussi dans ton article, c'est une participation à ce buzz. Certes, le contenu est bien plus sain que ce qu'on a pu retrouver ailleurs, mais le buzz continue. J'en conviens, par ma réponse, je l'alimente encore un peu. Pourquoi est-ce que je pense que tu contribue au buzz ? Car un buzz, comme tu le sais, ce n'est pas uniquement dire des bonnes choses sur un contenu original, mais aussi des mauvaises. Et ce n'est pas non plus uniquement parler du contenu en lui même, mais aussi parler de ce qui se passe autour. Maintenant, je vois un peu une réponse arriver : "Mais alors, faudrait-il se taire devant des choses pareilles ?". Tu aurais tout à fait raison de me demander ça. Et je vais déjà y répondre : je pense qu'il faut éviter d'en parler oui. Non pas par pudeur ou peur de quoique ce soit, mais pour laisser le buzz s'éteindre tout seul.
    Gros bisous !!! Nico

  3. PsykotiK

    De mon point de vue, Pad a écrit ici un édito développant des idées et un point de vue bien plus large que sur le buzz de GTA V. Cet évènement est à mon avis la base de sa réflexion qui lui permet de parler du journalisme vidéo ludique et de la situation du jeu vidéo actuelle. Je ne pense pas qu'il contribue à ce buzz, mais en tire plutôt une écriture et une argumentation approfondie sur la partie immergée de l'iceberg. GTA V n'est que la partie visible.
    De plus, je pense que lorsqu'un évènement de ce type "buzz" est mondial et aussi énorme que celui-ci, il est bien trop tard pour dire "arrêtons d'en parler et n'écrivons pas dessus". Le buzz est déjà fait, je ne pense pas que Paduction.com ait pour l'instant ce pouvoir de contribution au buzz mondial (ça viendra mais c'est pas pour tout de suite ;) ).
    Bon éédito en tout cas pour ma part, je ne peux que plussoyer ton point de vue sur Julien Chièze, et surtout le fait que tu en ai parlé, chose que bien des gens pense mais que personne n'ose aborder.

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