Il y a près de 3 ans maintenant sortait Bioshock 2, suite directe du premier Bioshock. Dans cet opus, la nouveauté principale était que nous contrôlions un protecteur avec pour seul but de récupérer « notre » petite sœur qu’on nous avait injustement enlevé. Pour l’avoir terminé il y a quelque temps, Bioshock 2 a été pour moi une très belle aventure. Je craignais de ne voir dans ce nouvel opus aucune véritable nouveauté mais, même si il n’innovait en rien par rapport à son ainé, restait quand même une valeur sûre que je conseillerais à quiconque aimerait les FPS. Un must-have !
C’était il y a trois ans maintenant, et depuis ce jour-là, les gars de chez 2K Games nous ont pondu quelque chose d’encore plus grandiose. Quelque chose de magnifique, de magistrale, de monumentale. Sur ce troisième opus de la série Bioshock, baptisé Bioshock Infinite, je ne m’étais pas énormément renseigné et n’avais vu que très peu de visuels, comme à mon habitude pour les grands jeux. Imaginez alors ma joie lorsque j’ai découvert pour la première fois la cité de Columbia. Après la confirmation Bioshock 2, tout le monde se demandait comment ils pouvaient encore innover et nous proposer quelque chose d’exclusif. Impossible n’est pas français 2K et l’équation leur fut simple à résoudre. Puisqu’ils avaient fait le tour de Rapture et du milieu marin en général, que tous les autres jeux du genre avaient traité de la majorité des sujets, où pouvaient-ils alors aller? Au ciel, bien sûr! A la différence des deux précédents Bioshock qui se déroulaient dans la cité sous-marine de Rapture, les évènements du troisième se déroulent cette fois-ci dans la merveilleuse et idyllique cité aérienne Columbia. Que le voyage commence…
Columbia la magnifique
On commence notre périple jusqu’à Columbia sur une petite barque, conduite par deux personnes que nous ne connaissons pas encore. L’une d’entre elles nous donne un petit coffre rempli d’objets qui semblent être nos effets personnels et dans lequel se trouve une photo d’une jeune fille qui nous est pour l’instant inconnue. Seule la phrase suivante y est marquée : « Ramenez la fille et nous effacerons la dette. » Une phrase qui reviendra souvent au cours de l’aventure et qui aura son importance. Cette petite barque nous emmène donc auprès d’un phare situé en pleine mer : on appréciera le clin d’œil au premier Bioshock, où notre avion s’écrasait en pleine mer et où nous devions rejoindre un phare pour entrer dans les abysses de Rapture. Une fois accostée, la barque reprend le chemin dans le sens inverse et nous voilà seul face à notre destin, avec pour seul objectif de rentrer dans ce phare pour voir ce qu’il s’y trame. Sur le toit de ce phare se trouve un clocher étrange qui ne sonnera qu’après avoir réalisé la bonne combinaison, celle-ci nous est donné dans la petite boite. Le clocher s’ouvre, une étrange chaise longue rouge apparaît et nous constatons que cette chaise est en réalisé une sorte de fusée. Vers Columbia.
Les premiers pas dans cette cité aérienne sont indescriptibles. Je ne saurais pas vous dire si j’ai ressenti cette émotion dans un autre jeu avant mais la beauté et la grandeur de Columbia m’ont véritablement donné des frissons. L’architecture des bâtiments est tellement bien réalisée que tous les petits détails qui fourmillent par milliers m’ont bluffé. Cette cité est magnifique et son gros point fort est son coté contemplatif. Au début de l’aventure mais pas seulement, il m’est souvent arrivé de m’arrêter en plein jeu afin d’admirer la beauté de Columbia. Car c’est un peu ce que tout le monde rêve en secret, une ville dans les airs, Bioshock Infinite nous permet de goûter à ce paradis dans le ciel. Un paradis qui va pourtant montrer son vrai visage au cours de l’aventure. Si la cité est magnifique, c’est qu’elle cache forcément quelque chose, quelque chose que l’on découvrira plus tard dans le jeu. Pour l’instant, admirons!
L’univers était également l’une des principales forces des deux précédents Bioshock : un univers d’une richesse incomparable avec un soucis du détail inégalable. On ne change pas une équipe qui gagne et la recette fonctionne toujours autant. Dans Bioshock Infinite, tout est réalisé à la perfection et le moindre endroit de Columbia a été travaillé. L’époque du jeu, le début du XXème siècle, est extrêmement bien retranscrit et nous avons véritablement le sentiment d’être revenu un siècle en arrière. Les nombreux détails des personnages, leurs habits, leurs manières de s’exprimer, leurs coiffures et j’en passe, tout est bien pensé pour que le joueur vive cette expérience de la meilleure façon et ça marche ! L’architecture des lieux est elle aussi splendide, on ressent vraiment le caractère ancien à travers tous les différents lieux que nous allons parcourir durant notre aventure. Et si le métro n’existait pas encore en 1912, le métro de Rapture a cette fois-ci été remplacé par l’aérotram, à savoir un métro dans les airs que l’on pourra utiliser à l’aide de notre grappin. Contrairement à ce que l’on pourrait penser au début de l’aventure, l’aérotram n’est pas seulement un moyen de transport mais c’est également un élément de gameplay non négligeable. Vous l’aurez compris, j’ai rapidement été conquis par Columbia. Je regretterais simplement que le coté « cité dans les airs » n’ait pas été plus exploité.
Vous reprendrez bien un peu de tonique?
Pour ce qui est de la jouabilité, on retrouve les éléments qui ont fait la force des deux précédents Bioshock et les fans de la série ne seront pas perdus. Les armes misent à notre disposition sont très variées, mitraillette, sniper, lance-grenade et j’en passe, des armes au style et au fonctionnement de l’époque. Les toniques sont également de la partie et constituent dans le jeu une véritable valeur ajoutée au gameplay du jeu. Si les plasmides dans Bioshock pouvaient sembler quelque peu facultatif, les toniques d’Infinite se révèlent être des aides non négligeables tant certains sont puissants et pourraient facilement remplacer les armes. Les toniques sont au nombre de 8, on retrouve bien sûr les différents pouvoirs des précédents Bioshock remis au gout du jour (le lancer d’abeille s’est transformé en lancer de corbeaux) auréolés de nouveaux pouvoirs tels que la charge ou encore la possibilité de se créer un bouclier. Tout autant de possibilité de gameplay que le jeu proposera un challenge relevé à qui tentera l’expérience à partir du niveau difficile. En effet, pour avoir moi-même joué en difficile, (je vous raconte pas comment j’ai ragé à certains passages) les ennemis du jeu se révéleront être très coriaces et il faudra user habilement des toniques et des armes pour en arriver à bout.
Les ennemis justement ont eux aussi été bien travaillé et s’insèrent parfaitement dans l’ambiance rétro du jeu. Si les premiers ennemis du jeu sont de simples gendarmes de Columbia, on verra apparaître au cours de l’aventure une opposition un poil plus corsée. Je retiendrais notamment les Handymans, les Patriotes ou encore le Boy of Silence. Tous ces ennemis ont chacun un trait de caractère qui leur est propre et on prendra souvent quelques instants pendant le combat pour les jauger et les admirer. C’est bête à dire mais les ennemis de Bioshock Infinite sont beaux et leur esthétique ne m’a pas laissé de marbre.
Songbird, le successeur du protecteur
Alors que la figure emblématique des deux premiers Bioshock était le protecteur, ce personnage constitué d’une combinaison intégrale, d’un scaphandre et d’une foreuse, l’équipe d’Irrational Games a opté dans ce nouveau Bioshock pour une créature volante du nom de Songbird. Contrairement aux protecteurs, cette créature volante n’apparaît que très peu de fois dans l’aventure et c’est bien regrettable. Constituée de cuir et de matériaux d’époque, cette créature est véritablement impressionnante. D’abord ennemi puis allié vers la fin de l’histoire, le Songbird est en réalité une créature qui a été créée par Comstock afin de veiller sur la jeune Elisabeth et ainsi garantir sa sécurité. On apprend au fil de l’aventure que le Songbird peut être appelé lorsqu’une certaine mélodie est jouée et que seule Elisabeth arrive à le calmer quand celui-ci se met en tête de vous tuer. Je trouve que le design du Songbird est très bien pensé, ce cuir qui le constitue est de très bon gout. L’équipe d’irrational Games est vraiment doué pour créer des ennemis originaux et impressionnants. La seule chose décevante par rapport à ce « nouveau protecteur », c’est sa faible implication dans le jeu et son histoire. A la différence du protecteur où celui-ci constituait un élément indispensable de Bioshock 1 et 2, le Songbird fait pâle figure et je trouve que le successeur du protecteur méritait beaucoup mieux. Peut-être dans le prochain Bioshock, en tout cas je l’espère fortement.
Méfiez-vous du faux berger !
Passons maintenant au point le plus important du jeu, en tout cas le plus complexe, le scénario. Dans ce Bioshock Infinite, nous sommes dans la peau de Booker Dewitt, un officier de police vivant à New York et criblé de dettes. Pour ne pas trop vous gâcher l’histoire du jeu qui mérite qu’on s’y intéresse, je ne vous expliquerais simplement que la base. Nous sommes envoyé à Columbia pour récupérer une jeune fille nommée Elisabeth et qui se trouve dans une tour à son effigie, immense et magnifique. J’ai trouvé l’aventure d’Infinite bien amenée, l’histoire prend son temps et nous apprenons d’abord à connaître l’histoire de Columbia avant de s’intéresser à Elisabeth. Columbia, aussi resplendissante soit-elle, cache en réalité bien des secrets. Elle est dirigée par un homme se faisant passer pour un prophète et qui se nomme Zachary Comstock, un vieux barbu prodiguant ses conseils à la foule de Columbia tel un pape avec ses fidèles. Dès les premières heures de jeu et même si cette pratique peut sembler normale, nous comprenons rapidement que Comstock est en réalité une sorte de puissance divine contre laquelle il ne faudrait surtout pas se lier sous peines de connaître des jours très sombres. Au fur et à mesure que nous avançons dans Columbia, nous sommes désignés par Comstock et les habitants de la ville comme « le faux berger » que l’on doit fuir à cause de l’inscription « AD » qui se trouve sur notre main. Commence alors un travail d’investigation pour voir ce qu’il se trame réellement dans cette ville et pourquoi tout cela nous arrive t-il. Les différents protagonistes que nous croiserons au cours de l’aventure seront tout autant d’éléments utiles qui nous servirons à répondre à cette question : les Lutèces, Daisy Fitsroy, Fink et j’en passe. Le dénouement final de l’histoire nous surprendra et m’a laissé sur le cul. C’est d’ailleurs un point sur lequel j’aimerais revenir, je trouve cette histoire bien réfléchie mais trop complexe à mon goût. Pour comprendre la réelle signification de l’histoire de Bioshock Infinite, il m’a fallu aller sur différents forums afin de comprendre le sens de tout ça. D’un coté, on ne peut pas leur en vouloir d’avoir construit une histoire complexe et très intéressante mais je trouve qu’ils auraient dû étaler les informations pour éviter qu’on se prenne autant d’informations dans le crâne en si peu de temps. Toutefois, si vous aimez les histoires intéressantes et l’univers de Bioshock, je vous conseille vraiment de vous documenter sur l’histoire du jeu. Elle le mérite.
Bioshock Infinite est un vraie réussite! Doté d’un univers remarquablement bien travaillée, d’une direction artistique à tomber par terre, ce nouveau Bioshock a été une très grande expérience pour moi. Même si je pourrai lui reprocher une histoire un peu trop complexe à mon goût et des imperfections au niveau des ennemis et de certains dialogues, je reconnais le travail immense qui a été réalisé par toute l’équipe et le retour de Ken Levine n’est pas étranger au succès du jeu. On pourra lui reprocher son coté trop action, trop tourné vers le gunfight mais Bioshock reste à la base un FPS. Un FPS avec un univers exceptionnel qui m’a donné de sacré frissons. Cette idée de cité aérienne est une franche réussite et j’espère qu’elle sera conservée pour le prochain épisode. La relation qui s’installe entre Booker et Elisabeth fonctionne bien même si certains dialogues entre eux sont ridicules (notamment au niveau des crochets). L’histoire est bien rythmée, le challenge est relevé (surtout la fin du jeu) et la durée de vie est très bonne !
En bref, Bioshock Infinite est un très grand jeu que je recommande! A l’heure où les jeux-vidéos se ressemblent tous et se finissent en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ce Bioshock Infinite fait clairement plaisir. Espérons maintenant que le studio ne tombe pas dans le piège de l’argent facile en nous servant un nouvel épisode bâclé tous les ans. Ça ne serait pas rendre hommage au monument vidéo-ludique que constitue la série des Bioshock.